Pourquoi la future police municipale de Colomiers doit être non armée

201507021479-fullLors de la campagne des municipales de 2014, la majorité au pouvoir à Colomiers fustigeait l’idée d’une police municipale à Colomiers. Elle ironisait sur les positions soit disant électoralistes et démagogues de ses concurrents, à gauche et à droite, qui préconisaient la création d’une telle police dans la deuxième ville de la Haute-Garonne. « La police municipale est une illusion », déclarait même le futur maire-adjoint à la sécurité. En réalité, l’idée d’une police municipale pointait tout naturellement du doigt la nécessité de prendre en compte la montée de la délinquance, des incivilités et des cambriolages à Colomiers, ce qui était nié à l’époque par ceux qui sont au commande aujourd’hui. Pour des raisons électorales et démagogues, la montée de l’insécurité était tout simplement occultée en 2014 par l’actuelle maire.

Deux ans plus tard, volte-face. Le conseil municipal du 11 février 2016 a entériné la création d’une police municipale ainsi que d’un dispositif de vidéo surveillance à l’horizon de 2017. Le groupe auquel j’appartiens, Vivre Mieux à Colomiers, a voté contre l’investissement coûteux (400 000 euros) dans des caméras de surveillance dont l’utilité n’est pas démontrée. Mais il a voté pour la création d’une police municipale conformément à ses propositions de campagne.

Un débat doit désormais avoir lieu sur la nécessité ou non d’armer cette future police municipale. La droite, bien entendu, considère qu’il faut armer les policiers municipaux sans apporter d’ailleurs le moindre argument qui le justifierait. Sans doute estime-t-elle que l’opinion publique est spontanément favorable à cet armement… Pourtant un référendum organisé il y a quelques mois dans la ville de Beauvais, dirigée par une maire du parti des Républicains, indiquait que 67% des citoyens votants étaient opposés à l’armement de leur police municipale.

Je ne suis pas un spécialiste de l’armement de la police, mais je suis un citoyen élu qui s’intéresse aux questions de sécurité et plus largement aux questions de violence dans notre société. Intervenant dans ce débat au conseil municipal, j’ai plaidé pour une police municipale non armée, ce qui est la position du groupe Vivre Mieux à Colomiers.

Colomiers a besoin d’une police municipale, de proximité, une police du quotidien dont la mission principale sera la prévention et la médiation. Une police visible dans les quartiers non pas pour être face aux habitants, mais avec eux. Car la sécurité a besoin de la participation de tous les citoyens.

Cette police municipale ne doit pas être dans une logique de répression, mais dans une démarche de prévention et surtout d’insertion dans les quartiers afin de gagner la confiance des habitants. Sans cette confiance, la police municipale ne peut jouer pleinement son rôle. Elle est un élément qui peut favoriser le lien social, la cohésion sociale. Si cela est possible, cette police municipale peut être à la fois sociale et de proximité.

C’est pour cela qu’il est décisif que les agents de police soient formés aux techniques de la médiation et pourquoi pas, aux techniques de la non-violence, aux techniques de défense non-violente qui permettent, si nécessaire de neutraliser un ou des individus dangereux sans forcément faire usage de violence ou d’armes à feu.

Il nous faut des policiers qui soient dans une relation d’écoute, de dialogue avec les citoyens. Et lorsqu’il s’agit de faire face à des citoyens qui génèrent des actes d’incivilité, toute la fermeté nécessaire sera requise, mais cette fermeté, elle peut se passer des armes à feu, de la menace des armes ou de l’utilisation des armes.

Car ce n’est pas la même chose une police municipale armée qui aurait donc le droit de faire usage des armes contre des citoyens columérins, et une police municipale non armée qui assume pleinement ses missions de prévention et de médiation. On n’imagine pas une police qui dialogue avec l’arme au poing…

Ceci étant dit, il est vrai que ses missions peuvent être dangereuses, risquées ; parfois les policiers peuvent risquer leur vie. Donc, bien entendu, les policiers municipaux doivent être dotés d’équipements de protection individuels.

Mais je pose une question : est-on mieux protégé lorsque l’on porte une arme ou davantage exposé à la violence potentielle de l’autre si celui-ci sait que vous n’hésiterez pas à tirer si besoin ? De nombreux spécialistes pensent qu’un policier municipal avec une arme n’est pas davantage en sécurité qu’un policier qui n’a pas d’arme, et surtout qu’il n’a pas davantage d’autorité. Et nous avons besoin de policiers qui aient de l’autorité. Il n’y a pas de lien automatique entre la possession d’une arme et le fait d’avoir de l’autorité.

Il est évident qu’on ne fait pas ce métier de la même façon si l’on a une arme ou pas. Et lorsque la peur ou la panique surviennent, ce qui est toujours possible, être armé n’est pas forcément une protection pour le policier, mais peut être une menace pour les autres comme pour lui même.

Et puis, équiper la police municipale en armes, c’est faire un choix lourd de sens, c’est déjà inscrire la sécurité à un certain niveau de violence qui va s’alimenter, qui va se développer par sa propre logique. Car armer aujourd’hui les policiers, c’est alimenter et augmenter le niveau de violence potentiel et demain nous ferons le constat que les armes en service sont insuffisantes, qu’il faut les perfectionner, les augmenter… et nous entrons dans une spirale sans fin.

Y a t-il à Colomiers une délinquance armée qui mettent déjà les policiers, les agents de la tranquilité publique en danger ? Et qui pourraient justifier leur armement. La réponse est non.

Enfin, serait-ce si rassurant que cela pour les columérins de savoir que dans notre ville les policiers municipaux circulent avec leurs armes ? Il ne s’agit pas de minimiser les problèmes de sécurité qui existent dans notre commune, mais il s’agit surtout d’apporter les meilleures réponses aux vrais problèmes qui se posent : les incivilités, le stationnement sauvage, le respect du code de la route, les cambriolages, les atteintes aux personnes, tout autant de vrais problèmes qui ne nécessitent pas d’armement. La police municipale est là pour faire appliquer la réglementation municipale, elle n’est pas là pour accomplir des missions dévolues à la police nationale.

Le mode de déplacement de la police municipale est également un élément qui peut être source d’apaisement et d’efficacité pour une police non armée. Circuler à pied, à vélo ou à cheval (sur les berges de l’Aussonnelle par exemple), ce n’est pas la même chose que de traverser la ville en voiture. Il y a quelques années, à Colomiers, une brigade VTT de la police nationale s’était d’ailleurs mise en place. Le commandant du commissiarat de Colomiers, Yves Rieutor, expliquait à La Dépêche du Midi, en janvier 2013, les raisons de ce choix :

« Depuis le mois de septembre, j’ai souhaité une présence physique accrue des policiers en centre ville. Cette visibilité a une vocation préventive et de lutte contre la délinquance. Avec le VTT, il s’agit de développer cette approche avec un meilleur contact auprès des commerçants et des résidents. L’équipe de secteur du commissariat qui a accepté cette nouvelle approche dans le déplacement a déjà des missions et des priorités. Le VTT va permettre de développer un volet d’intervention plus efficace par la facilité d’accès que représentent les deux roues. Cette action plus rapide est aussi plus discrète. » Je crois que lorsque le bon sens est partagé par la police nationale, il convient de le souligner, et pourquoi pas de s’en inspirer pour les missions et les moyens de la police municipale de Colomiers.

Il faut donc choisir : soit une police de répression, c’est à dire une police armée qui augmentera les tensions et le niveau de violence dans la ville. Ou bien une police sociale, une police de proximité, c’est à dire une police non armée qui contribuera à améliorer le vivre ensemble en apportant des vraies solutions aux vrais problèmes. Espérons qu’un débat citoyen s’organise afin de permettre de nourrir la réflexion et de faire les bons choix pour l’avenir de la commune.

Photo : Dépêche du Midi.

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