La future école élémentaire Simone Weil, dans le quartier des Marots, comprendra 15 classes. La municipalité poursuit donc dans la construction d’écoles maternelles et élémentaires à taille surdimensionnée. Dans l’agglomération toulousaine, Colomiers est sans doute la seule ville d’importance à maintenir ou construire des écoles de plus de 14 classes. Cette orientation structurelle a de graves conséquences sur le climat scolaire qui se dégrade, sur le travail en équipe de plus en plus difficile, sur la réussite des élèves qui devient un slogan bien loin des réalités. Et la réalité, c’est que la population scolaire a fortement évolué ces dernières années, avec davantage d’élèves en difficulté d’apprentissage, et pour beaucoup au comportement inadapté à la structure scolaire.
La municipalité nous explique que ce choix des grandes écoles, décidé il y a fort longtemps, permet d’avoir des directeurs d’école totalement déchargés et entièrement dévolus à leurs tâches administratives. Vraiment, il faut venir à Colomiers pour entendre ce genre d’arguments… En clair, il s’agit d’abord de faire plaisir aux directeurs qui sont bien sûr favorables à cette décharge complète, alors que dans le même temps le travail quotidien des enseignants et des élèves se complique au point de devenir une mission impossible. Il en est de même des équipes des ALAE qui, par ailleurs, connaissent toujours un turn-over important, quand ce n’est pas le sous effectif.
Cet argument de la municipalité ne résiste pas à la réalité des faits. Les directeurs, à Colomiers, surtout en élémentaire, sont aujourd’hui totalement débordés par la multiplication des tâches administratives dévolues à des écoles de trop grande importance. Ils s’enferment de plus en plus dans leur bureau et n’ont plus la présence nécessaire auprès des enseignants, des élèves voire des parents d’élèves. Ce qui est source de conflits préjudiciables à un bon climat scolaire.
Il y a quelques années, la municipalité justifiait les écoles à 14-15 classes par le fait que cela dimininuait les cours à double niveau. Là aussi, il n’y a qu’à Colomiers qu’on peut entendre de telles inepties. Dans toutes les écoles élémentaires de Colomiers de plus de 14 classes, il y a un, deux ou trois double-niveaux. Dans les écoles de taille moyenne (10-12 classes), il n’y a pas plus de double-niveaux que dans les grandes écoles. Il suffit d’observer la structure pédagogique des écoles de l’agglomération pour s’en convaincre.
En refusant d’entendre les doléances des enseignants et des parents d’élèves qui sont majoritairement convaincus de la nocivité de ces écoles « usines à gaz », la municipalité s’enferme dans un dogmatisme préjudiciable à la qualité du service public d’éducation. Tout comme il y a quelques années, lorsqu’elle refusait de modifier les horaires scolaires, sujet sur lequel elle a fini par céder sans pour autant reconnaître ses erreurs. Car on ne peut résister longtemps au bon sens…
Surtout, cette politique scolaire révèle une vision administrative et bureaucratique de l’école, où tout doit être subordonné aux contraintes de l’organisation municipale : les horaires scolaires, les bus, l’architecture des écoles, le PEDT, les ALAE et même les jours et horaires des APC, alors que cela devrait être un choix d’école comme le précise les textes de l’Education nationale. La municipalité impose et les enseignants doivent disposer ou à tout le moins doivent s’adapter à son fonctionnement. Probablement que la municipalité n’a pas encore compris que les directeurs ne sont pas les supérieurs hiérarchiques des enseignants, que ceux-ci ne sont pas seulement des courroies de transmission (tant de la hiérarchie, que de la municipalité), mais qu’ils ont aussi un rôle pédagogique. En cajolant les directeurs dans le sens du poil, et en stigmatisant ceux qui osent, parfois, remettre en question les directives de l’adjointe à l’éducation, la municipalité montre qu’elle a besoin de directeurs aux ordres pour relayer sa « politique éducative » sur le terrain, en faisant fi de l’avis des premiers concernés, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves.
Nous l’avons dit à plusieurs reprises, y compris en conseil municipal, les difficultés sont allés en augmentant dans les écoles de Colomiers ces dernières années. Des faits de violence inexistants il y a plusieurs années, sont maintenant monnaie courante. Beaucoup d’enseignants qui étaient des piliers et des fidèles dans les écoles de Colomiers sont partis. Et il n’y a pas que des départs à la retraite ! Et ces enseignants sont tous d’accord pour dire que les écoles à Colomiers deviennent très difficiles à cause de leur dimensionnement qui engendre de nombreux problèmes de fonctionnement.
La municipalité s’oppose également, depuis plusieurs années, à ce que des écoles et un collège de Colomiers bénéficient du dispositif REP (Réseau d’Education Prioritaire). C’est un véritable scandale. Ces établissements (Groupe scolaire Jules Ferry, collège Voltaire) devraient disposer de davantage de moyens humains et fonctionnels que les autres, car ils cumulent de telles difficultés que la mission des enseignants devient un véritable calvaire et qu’au bout de cette logique, il y a l’échec, la violence et la désespérance. .
Ce qui marche dans les écoles des communes dites sensibles, dans les établissements en REP, c’est précisément la capacité à travailler en équipe, à se connaître, avec un-e directeur-rice qui est encore chargé-e de classe et qui n’est donc pas déconnecté-e des réalités quotidiennes des enseignants, avec des enseignants qui prennent davantage de responsabilités parce que le-la directeur-rice justement ne peut pas tout faire, avec des élèves qui ont des repères clairs, avec des adultes référents qui sont à l’écoute, qui individualisent les relations avec les élèves. Un bon climat scolaire, voilà la clé de la réussite des élèves ! Cela passe par des écoles à taille humaine. A Colomiers, on ne veut toujours pas l’entendre.
Poursuivre aujourd’hui dans la construction d’école à taille démesurée est tout simplement irresponsable. On s’étonne de tant d’aveuglement. Il y a beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages à maintenir ce dogme des écoles élémentaires à plus de 14 classes, et cela les parents d’élèves et les enseignants l’ont déjà bien compris. Baisser la taille des écoles élémentaires de 15 à 12-10 classes et celle des écoles maternelles de 7 à 5-4 classes nécessite au moins deux nouveaux groupes scolaires. Cela est possible. Je défendrai cette orientation et ce projet dans le cadre des prochaines élections municipales.
PS : Cet article reprend l’essentiel d’une intervention en conseil municipal au mois de mars à l’occasion d’une délibération sur le permis de construire de l’école Simone Weil.
heu plus difficile de travailler ensemble? pourquoi? peu de décisions concernent toute l’équipe ,juste les conseils d’école et quelques dates communes, même le projet d’école se construit une fois les priorités connues en articulant les projets de cycle et donc préparés en groupe de cycle 2 et de cycle 3 pour l’élémentaire puis coordonnés avec aussi le projet cycle 1 de la maternelle …par contre la décharge direction complète est un plus évident pour gérer au quotidien les divers projets de cycle et cette coordination ..le problème des écoles a beaucoup de classes ce n’est pas le nombre d’élèves ou de classes !,ce sont les locaux s’ils ont adaptés ou non !..(problème récurrent quand les ecoles ont grossi sur une base prévue pour moins de classes au départ ) à mon sens, si les locaux sont bien adaptés en volume (en particulier les locaux communs de restauration ,BCD, salle informatique ,toilettes bien reparties , etc..)
cela peut très bien fonctionner..surtout quand l’école est conçue ainsi des le départ, l’existence des collèges montrent bien que des profs et des élèves même jeunes peuvent travailler ensemble dans des grandes structures heureusement,..l’autre avantage ce sont les budgets qui permettent de fédérer des achats couteux impossibles dans des petites écoles .. voilà c’était un bémol à ton tableau qui fait peur 🙂
puisque tout débat se doit d’être à charge et à décharge 🙂 et pour éviter les éventuels procès d’intention 🙂
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les directeurs ne sont pas les supérieurs hiérarchiques des enseignants
Il y a débat là-dessus n’est-ce pas. Le projet (encore avorté ?) du MEN de filialiser les écoles sous tutelle d’un collège en était une expression.
Si certains profs-directeurs voudraient bien bénéficier d’une décharge complète, et pas forcément pour de mauvaises raisons, c’est bien sûr au détriment de l’égalité entre collègues. Notation administrative par le directeur ? Droit de regard sur le recrutement des élèves et des enseignants ? Le statut de l’école en serait modifié considérablement, dans la ligne d’une caporalisation, ‘libéralisation’, privatisation… et c’est dans l’air du temps.
Au fait, la mairie de Colomiers est-elle prête à financer des emplois de secrétaires pour les entreprises d’éducation primaire ? A payer sur ses deniers les directeurs, municipaux donc, pour des écoles municipales (cf Belgique, Nico Hirtt) à la botte ?
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en rep les ecoles n’ayant pas d’autonomie financière, ca fait longtemps qu’on est rattachés à un collège de tutelle pour les dépenses des projets rep par ex .et ca se passe bien en tout cas dans notre cas ..c’est l’intendant et la secrétaire du collège qui font le travail administratif pour les écoles rattachées
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Bonjour. Merci de dire qui vous êtes. Je parle d’une réalité que je connais très bien puisque j’ai travaillé 13 ans dans les écoles de Colomiers. Ce constat est largement partagé par les enseignants et les parents. Le travail en équipe est essentiel pour la bonne marche d’une école. A Colomiers, les directeurs sont débordés et n’assument plus leur rôle d’animateur pédagogique. Leur travail administratif est devenu chronophage. Le climat scolaire se dégrade. La solution c’est de diminuer la taille des écoles. Aux municipales de 2020 toutes les listes d’opposition auront ce point dans leur programme.
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