A Colomiers, les chasseurs sont une espèce toujours bien protégée…

ob_5736c4_autocollant-halte-chasseDans la deuxième ville de la Haute-Garonne, territoire largement urbanisé, subsistent quelques espaces forestiers, où certains appuient parfois sur la détente pendant que d’autres essaient de se détendre… Promeneurs, cyclistes, souvent à leur grande surprise, croisent parfois quelques énergumènes armés d’un fusil, membres de l’association communale de chasse. En Conseil municipal, nous avons à deux reprises, en avril 2015 et il y a encore quelques jours dénoncé l’attribution d’une subvention, même minime, à cette association qui pratique ce loisir qui consiste à tuer des animaux sauvages selon un plan de chasse préétabli.


Cette association comprend 17 membres payant une cotisation de 30 euros (ce qui est assez élevé comme le signale justement la fiche technique d’analyse de la subvention). L’assemblée générale du 15 avril 2016 a réuni 9 personnes représentant 11 adhérents.

Ce que ne relève pas la grille d’analyse, c’est que les 17 membres de cette association sont exclusivement masculins. Il n’y a que des hommes, pas très jeunes d’ailleurs…, dans cette association de chasseurs. Existe-t-il une autre association à Colomiers ne réunissant que des hommes qui reçoit des subventions municipales ? Est-ce que cela signifie que cette activité est réservée aux hommes, est-ce que cela signifie que les femmes ne sont pas les bienvenues ? Ou bien est-ce que cela signifie tout simplement que seuls les hommes sont pratiquants de ce loisir malsain ?

Ce point de non mixité chez les adhérents contrevient au critère n° 2 concernant l’intérêt général qui est précisé dans les critères d’attribution de subventions aux associations que nous avons voté lors du dernier conseil municipal. Celui-ci stipule que « l’association est ouverte à un maximum de columérins : nombre d’adhérents, columérins/non columérins, présence de jeunes, parité homme/femme, publics empêchés (handicapés…), en difficultés sociales. » Il est donc évident que la parité n’est pas respectée…, puisqu’ aucune femme n’est membre de cette association.

Dans le critère numéro 2 sur l’intérêt général, il est aussi indiqué que l’association doit être fortement impliquée dans la vie associative columérine. J’ai lu attentivement le rapport d’activités de cette association. Je n’ai trouvé aucune participation de cette association dans une manifestation ou action municipale en 2015. Encore un critère important qui n’est pas respecté.

La seule nouveauté pour cette année 2016, c’est que l’association a demandé à participer à la manifestation du dépicage à l’ancienne, en installant un algéco. Alors il n’est pas écrit que l’algéco en question proviendra d’une école en rénovation…, mais ce qui est sûr, c’est que la municipalité a donné son accord pour la présence de cette association à cette manifestation populaire, festive, conviviale et cela est parfaitement scandaleux. Non, cette association ne sera pas la bienvenue à cette manifestation qui se déroule début septembre.

Donc, de toute évidence, le critère numéro 2 sur l’intérêt général n’est pas respecté et à lui seul ce point aurait dû justifier que le dossier ne soit pas instruit et que la subvention ne soit pas accordée.

La subvention de 300 euros représente 38,46 % du budget. Ce n’est pas négligeable pour un budget total en 2015 de 780 euros. Le budget s’est soldé par un excédent de 265 euros, ce qui signifie que sans la subvention municipale de 2015 un déficit, certes léger, aurait été enregistré. Il y a donc malgré tout une certaine dépendance de l’association à la subvention municipale, ce qui est contraire aux critères d’attribution. Et nous pouvons remarquer qu’en dehors des adhésions, l’association n’a pas vraiment d’autres sources de financement, ce qui est aussi regardé dans les critères d’attribution.

Alors, il faut quand même saluer le refus de la municipalité d’augmenter cette subvention, puisque la demande initiale de l’ACCA était le double de la subvention octroyée en 2015. Le budget prévisionnel gonflé à 1 200 euros inscrivait en effet une subvention de 600 euros.

Cela pose quand même la question du sérieux de cette association qui présente un tel budget prévisionnel avec des chiffres artificiellement gonflés, alors qu’il n’est pas repéré de grands changements dans son activité, hormis le fait d’organiser un repas des chasseurs « comme il se faisait sous Raymond et Sicard », (anciens maires de Colomiers, la nostalgie sans doute…).

Cerise sur le gâteau, l’association envisage « un lâché de truites sur le bassin de rétention du Perget pour pouvoir constituer une trésorerie qui permettrait l’achat de divers équipements pour le futur local »… Dixit le rapport d’activité de cette association qui, nous le voyons, a de grands projets de développement dans la 2ème ville de la Haute-Garonne…

Alors venons-en justement à son activité. L’an dernier, la subvention était justifiée pour aider l’ACCA à organiser des battues au sanglier, et en réaction à mon intervention, un élu de droite avait cru bon prendre la défense de cette association en affirmant que les chasseurs détruisait les nuisibles et que cela était utile aux Columérins.

Le bilan de cette année est le suivant : les chasseurs ont tué 8 chevreuils et 5 renards. Pas de sangliers. Ce n’est pas dans Le Columérin (le journal édité par la municipalité) qu’on trouve ces informations (peut être après tout que les citoyens trouveraient ça choquant ; oui, mais il faut quand même assumer quand on soutient une association de chasseurs, assumer les conséquences de l’action de cette association), mais on les trouve dans le rapport d’activité de l’association. D’ailleurs, doux euphémisme, il n’est pas écrit qu’ils ont tué 8 chevreuils et 5 renards, mais qu’ils ont « prélevé » 8 chevreuils et 5 renards, selon un plan de chasse établi. A la chasse, on ne tue pas, on prélève…

Les chevreuils, à Colomiers, comme ailleurs, ne sont pas des nuisibles qui mettent en péril la vie, la sécurité, les propriétés des habitants y compris ceux qui sont à proximité des forêts où ils vivent. C’est un animal qui naturellement ne commet que très peu de dégâts. C’est précisément la chasse qui est nuisible parce qu’elle dérange la vie de ces bêtes sauvages et qu’en les dérangeant elle augmente artificiellement les besoins énergétiques de ces animaux ce qui peut occasionner en retour des comportements dommageables sur la végétation et les cultures.

En tant qu’herbivore, le chevreuil contrôle la densité de la végétation au sein de son écosystème. C’est un animal léger qui n’est pas réputé pour endommager les sols.

En réalité, c’est l’homme qui est responsable des dégâts qu’il peut constater, et non pas les chevreuils. Les nuisibles ne sont pas là où on le pense généralement… Ce qui est nuisible, ce sont des discours qui répètent ce qui s’est toujours dit, au nom de la tradition, au nom de la bétise humaine et sans doute aussi par intérêt électoral.

Car il est bien évident que les chasseurs sont une espèce qui a toujours été bien protégée par les élus. Toutes les voix comptent n’est-ce pas ? A Colomiers, toutes les voix comptent nous le savons désormais, d’où qu’elles viennent. Et peu importe la morale, les élus chassent tous sur les mêmes terres électorales. Et comme tous les coups sont permis, y compris les coups tordus, espérons qu’on évitera les coups de fusil…

Nous savons qu’il existe des alternatives douces à la chasse si l’on veut réguler intelligemment la faune et limiter certains dégats (capture d’animaux dans les zones en surnombre et réintroduction dans les zones en sans nombre, développement des prédateurs naturels, stérilisation des femelles et des oeufs…etc). Ce sont ces alternatives qui sont porteuses d’avenir, qui protègent la biodiversité. Il serait donc réellement utile d’inviter cette association à reconvertir son activité.

Et comme la majorité des chasseurs sont des ouvriers, des employés et des agriculteurs, cela leur permettra de faire des économies substantielles, ce qui en temps de crise leur serait plus que profitable. Parce que le budget moyen d’un chasseur par an, c’est 1 500 euros. 1 500 euros ce n’est pas rien. C’est certes moins que les 70 000 euros qu’un patron de bar columérin a dépensé pour aller tuer un lion en Afrique, crime abject, mais c’est quand même une somme non négligeable.

Terminons par une réflexion éthique. Il n’est pas dans la vocation de l’homme de tuer des êtres vivants, de tuer des êtres sensibles. Tuer un animal pour le plaisir, ou pour de faux prétextes, c’est aussi renier sa propre humanité. La chasse appartient au passé. Elle n’a plus aucune légitimité si tant est qu’elle en eut une un jour. L’avenir ce sont des territoires sans chasse. De nombreux pays l’ont déjà abolie.

Lorsque nous serons en charge des affaires de cette commune, nous ferons tout pour faire abolir à Colomiers cette pratique d’un autre temps, nuisible pour la faune, nuisible pour la biodiversité, nuisible pour l’humanité de l’homme.

Au conseil municipal de Colomiers du 29 juin 2016, nous avons refusé d’en être complice (le groupe Vivre Mieux à Colomiers) et nous avons donc voté contre l’attribution de cette subvention aux chasseurs.

Il est à noter qu’aucune réponse ne nous a été apportée de la part de la majorité municipale sur le non respect des critères d’attribution des subventions. La seule réponse fut la colère de la maire, me coupant la parole à plusieurs reprises, jugeant que cette intervention était trop longue eu égard à la somme octroyée (300 euros). Elle n’a donc pas voulu comprendre que le problème n’était pas le montant de la subvention, mais le principe éthique d’une subvention à une association dont la vocation est de tuer des animaux sauvages. Un élu de droite a seulement affirmé qu’il me laissait à mon sectarisme et qu’il ne me restait qu’à me présenter à la députation pour changer les lois sur la chasse. Je vais y réfléchir…

Mon intervention au conseil municipal est à voir à partir d’1 heure et 27 minutes dans la 1ère partie.

 

2 réflexions au sujet de « A Colomiers, les chasseurs sont une espèce toujours bien protégée… »

  1. Alison Servant

    Voici une partie d’un courrier que j’ai envoyé jeudi 23/11/2017 à la mairie de Colomiers.
    Ce matin, en cherchant un nouvel endroit de promenade avec mon chien, je suis allée, à coté de la refuge des chats, au bord de l’Aussonnelle mais la promenade a été de courte durée parce que je me suis trouvée au milieu d’une chasse, avec de nombreux coups de fusil et le spectacle de deux beaux chevreuils courant complètement affolés juste devant moi.
    Je ne comprends pas que vous permettez des gens armés d’agir au milieu d’un endroit fréquenté par de nombreux promeneurs, joggeurs …. Sans parler de l’effet que ça produit sur la qualité de vie pour les gens et les animaux. Vous parlez beaucoup des espaces nature à Colomiers ; sur votre site il y a écrit concernant l’Aussonnelle :
    « En bref, c’est un véritable havre de paix, qui fait la joie de tous les promeneurs. »
    mais l’Aussonnelle n’est pas un havre de paix; plutôt un endroit dangereux qu’il vaut mieux éviter !

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