A l’occasion de la COP 21 à Paris, de nombreuses organisations et associations se rassemblent pour réussir la mobilisation citoyenne. S’il faut attendre peu des résultats de la conférence officielle, il est décisif que la société civile soit au rendez-vous de cet événement majeur et montre sa détermination à enclencher, ici et maintenant, des processus de transformation écologique sans attendre les éventuelles décisions des chefs d’Etat. A cet égard, il est essentiel que cette mobilisation ne soit pas parasitée par des actes de violence, aussi inutiles que stupides, mais qu’elle s’inscrive dans une stratégie de lutte non-violente susceptible de renforcer l’adhésion de l’opinion publique.
Comme nous l’affirmions dans notre conférence à Alternatiba Toulouse, la violence fait partie de l’ancien monde que nous voulons changer. Imaginer un nouveau monde, c’est vouloir sortir de la culture de la violence qui domine nos civilisations et qui enferment les individus dans la nécessité et la légitimité de la violence. Construire un nouveau monde, c’est développer une culture de la non-violence qui offre une alternative à la violence destructrice et meurtrière. C’est permettre à la non-violence d’exprimer toutes ses potentialités alors que jusqu’à maintenant nos sociétés ont refusé d’investir dans la non-violence. C’est agir de façon non-violente sans attendre la réciproque parce que cette action, en elle-même, et bien qu’elle vise à être efficace, donne sens à nos existences.
A cet égard, il faut saluer l’initiative citoyenne intitulée « Appel pour des actions pour la justice climatique, non-violentes et déterminées, radicales et populaires, pendant la COP21 et au-delà ! » (http://anv-cop21.org/). Cet appel qui a déjà été signé par près de 3 000 personnes est révélateur d’une volonté de structurer la mobilisation civique selon les critères de l’action non-violente, en cohérence avec l’idéal d’un monde plus juste, plus solidaire. Il est porté par plusieurs centaines d’organisations notamment Les Amis de la Terre, Greenpeace France et Les Désobéissants. Cet appel a été lu récemment place de la République lors d’Alternatiba Paris par le groupe HK ET LES SALTIMBANKS, auteur d’un hymne à l’action non-violente : « Sans haine, sans arme, sans violence »…
Les médias seront largement mobilisés autour de cet événement planétaire. Cela signifie que les actions mises en oeuvre durant la COP 21 doivent être soigneusement préparées pour être aussi spectaculaires que non-violentes. Des actions qui impriment le changement que nous voulons voir dans le monde… « Alors que la COP21 va replacer la question du climat au centre de l’agenda politique international, affirment les initiateurs de l’appel, il nous faut absolument traduire la gravité et l’urgence de la situation pour que le grand public comprenne ce qui est réellement en train de se passer. Nous avons besoin de mener des actions très fortes, qui frappent l’imaginaire, qui bousculent les mentalités. Et en même temps, nous avons besoin d’actions qui inspirent, qui donnent de l’espoir, et qui mettent en mouvement le plus grand nombre ».
Seule la démarche de la non-violence, malgré les malentendus et les confusions qui règnent à son encontre, est à même d’opérer une révolution des consciences qui offre la possibilité d’un vrai changement. La non-violence n’est pas une éthique désincarnée, c’est une pensée qui pense la violence, qui prend toute la mesure de l’épaisseur de la violence dans nos traditions, nos cultures, notre quotidien, mais qui refuse de considérer qu’elle est une fatalité. La non-violence est une espérance qui s’incarne dans des actes, des actes en cohérence avec l’idéal d’une société fraternelle. La non-violence est résistance, une plus forte résistance que la violence aux injustices de toutes sortes, car elle vise à la racine des injustices.
L’Appel Actions non-violentes pour la COP 21 s’inscrit dans l’histoire des luttes non-violentes. « De Gandhi aux Indignés Espagnols du 15-M, de Martin Luther King au Printemps Arabe et au mouvement Occupy, des millions de personnes ont déjà montré l’exemple de luttes qui ont su faire basculer les rapports de force et changer les rapports de conscience, en refusant de répondre à la violence par la violence, mais en menant des actions non-violentes déterminées et à visage découvert, dans le respect des personnes et dans l’opposition la plus ferme à l’injustice. » Oui, la stratégie de l’action non-violente ne vise pas seulement à convaincre, mais à contraindre les décideurs responsables des injustices de notre temps.
L’action non-violente ne s’improvise pas. Nous savons que des éléments provocateurs peuvent être présents pour tenter de faire basculer la mobilisation dans la logique de la violence. Il importe que l’organisation « neutralise » et écarte tous les éléments extérieurs qui voudraient profiter du nombre pour mettre en oeuvre des actes contraires à l’éthique et à la stratégie définies par les mouvements non-violents. C’est un enjeu important car ici, comme ailleurs, la cohabitation entre action violente et action non-violente est totalement improductive. Au final, c’est la violence qui domine ; au final, cette violence fait le jeu du pouvoir et de ses forces de police qui ont toute latitude pour réprimer, sans distinction, la mobilisation. Pour éviter cet écueil et cet échec, il faut saluer, à l’approche de la COP 21, l’organisation de formations à l’action non-violente sur tout le territoire. Le site Actions non-violentes COP 21 informe régulièrement des stages organisés.
Le 29 novembre, à Paris, à la veille de l’ouverture du sommet COP 21, une grande marche pour le climat est organisée qui devrait rassembler des centaines de milliers de personnes. Ce jour là devra être une démonstration de force non-violente qui signe une large mobilisation civile et civique en faveur d’un véritable changement. Il appartient à chacun de réussir ce rendez-vous citoyen et d’autres plus modestes, mais tout aussi déterminés, durant la COP 21. La non-violence dans l’action n’est pas une option, mais une exigence qui atteste de la sincérité et de la profondeur du changement de civilisation que nous voulons voir advenir.
PS : Des actions de désobéissance civile de grande ampleur sont également en préparation à l’occasion de la COP 21. On lira avec intérêt cet article du Guardian en date du 12 octobre 2015.
La nausée :
http://www.lemonde.fr/education/article/2015/10/15/en-moselle-des-enfants-testent-des-fusils-d-assaut-dans-leur-ecole_4790463_1473685.html
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Magnifique texte aux très puissantes vertus éducatives pour tous et pour nous tous !
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On ne peut qu’être à l’unisson de ce discours : la violence est improductive, inutile et stupide.
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