Un an après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes qui a bouleversé le paysage stratégique européen, je voudrais, en toute humilité, mais aussi en toute franchise, affirmer quelques convictions issues de mon engagement dans la non-violence depuis quarante ans. Je souhaiterais aussi poser quelques questions quant à la pertinence du recours aux armes par l’Ukraine pour défendre son territoire. J’ai conscience que ma position, y compris dans le monde de la non-violence, ne fera pas consensus. Elle se veut une modeste contribution au débat sur notre positionnement face à une guerre qualifiée de « juste ».
Une guerre qui va durer
Face à l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine a fait le choix de la résistance militaire, même si, spontanément, la population, ici ou là, commençait à résister sans armes. Le conflit a alors très vite basculé dans une guerre, au sens propre du mot. Deux armées s’affrontent pour la conquête ou la défense d’un territoire, d’une nation. En toute rigueur, l’invasion du territoire ukrainien par les troupes russes n’est pas encore la guerre, tant que le pays agressé ne décide pas d’y répondre par des moyens militaires. Si la responsabilité de la Russie de Poutine est écrasante dans le déclenchement du conflit militaire, il n’en reste pas moins que le choix d’y résister par les armes entraîne des conséquences propres à celles d’une guerre classique.
Ce choix qui appartient aux Ukrainiens fixe un objectif de guerre : repousser l’ennemi pour pouvoir récupérer le territoire indûment conquis afin que l’Ukraine retrouve sa pleine souveraineté. Cependant, la disproportion des forces en présence oblige l’Ukraine à demander une aide militaire conséquente à ses amis européens et américains. Ainsi, depuis un an, l’armée ukrainienne est alimentée en armes, munitions, missiles anti-chars, canons Caesar, blindés légers… Ce faisant, et contre toute attente, elle tient tête à l’armée russe sans pouvoir, pour l’instant, revendiquer de victoires décisives.
La résistance militaire ukrainienne face à un ennemi sans scrupule fait inévitablement redoubler la violence de celui-ci et tout particulièrement sa volonté de détruire le pays partiellement envahi. Des villages et des villes entières sont bombardés et détruits par l’armée russe sous ordre de Poutine qui applique une stratégie de terreur, sans aucune préoccupation humanitaire ou tout simplement humaine. La destruction de l’Ukraine est la conséquence de l’invasion russe, mais elle est aussi la conséquence du choix de la résistance armée qui a élevé le conflit au niveau d’une guerre où, par définition, les passions les plus meurtrières et les plus destructrices s’exacerbent.
Diverses sources concordent pour indiquer que les pertes russes s’élèvent à environ 100 000 soldats depuis le début de la guerre. Récemment, le ministère de la Défense britannique indiquait que 824 soldats russes en moyenne étaient tués chaque jour en Ukraine. 824… Du côté ukrainien, le chiffre de 100 000 soldats morts est aussi régulièrement avancé. Ce qui signifie que plusieurs centaines de soldats ukrainiens meurent également chaque jour dans cette guerre. Quant aux civils, on estime qu’environ 30 000 ukrainiens sont morts depuis un an. De plus, selon l’OMS, 7,5 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays. Ces chiffres sont littéralement terrifiants. Ils posent la question du sens de cette guerre. Clairement, ils nous renvoient à son absurdité et à sa déraison. On ne peut pas s’exprimer sur cette guerre sans avoir à l’esprit le nombre incroyable et insensé de soldats, de jeunes hommes pour l’essentiel, qui meurent chaque jour dans des conditions effroyables.
Rien n’indique, à ce jour, que cette guerre finira dans quelques mois. Beaucoup considèrent qu’elle va durer. L’élévation permanente du niveau d’armement du fait de la livraison continue et qualitative des armes par les pays occidentaux à l’Ukraine renforce les capacités de l’Ukraine, mais n’entament en rien la volonté et la capacité des Russes qui recrutent en masse de la chair à canon parmi la population masculine. De ce fait, le conflit est non seulement parti pour durer, mais le risque d’extension, voire d’implication des armées occidentales n’est plus improbable. Certains considèrent que nous allons tout droit vers la troisième guerre mondiale.
Résistance civile ou résistance militaire ?
Au moment de l’invasion de l’Ukraine, quels choix étaient à la disposition de ce pays ? Outre la capitulation, c’est-à-dire l’acceptation sans condition de la mise sous tutelle russe de l’Ukraine, on considère généralement qu’il ne restait que le choix de la résistance militaire pour tenter de sauvegarder la souveraineté du pays. Il existait pourtant une troisième option, mais celle-ci n’a jamais été envisagée, car elle n’a tout simplement pas été préparée. C’est celle de la résistance civile non-violente. L’occupation du pays ne signifie pas la défaite, car la défaite survient lorsque la résistance est vaincue, que l’occupant prend les rênes du pays et impose éventuellement son idéologie et son ordre. Face à l’occupation militaire d’un pays, nous savons que des moyens de non-collaboration massive qui, dans le passé, se sont avérés pertinents et efficaces dans des situations similaires, notamment sous l’occupation nazie en Europe, ou même en Tchécoslovaquie en 1968, auraient pu changer la donne de ce conflit, sans basculer dans une tuerie généralisée. La résistance civile offre à une grande partie de la population, à la différence de la résistance armée, la possibilité d’agir et de lutter avec les « armes » de la non-coopération et de la désobéissance civile.
En 2015, l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) a mené un sondage d’opinion auprès de la population ukrainienne à la demande de l’ONG Center for Strategic Studies et de l’Agency for Nonviolent Decisions. A la question « Quelles actions préféreriez vous dans les conditions d’une intervention armée étrangère dans votre ville ou village ? » 24 % ont choisi l’option de la résistance armée, près de 29 % ont choisi l’option de la participation à des actions de résistance civile, telles que manifestations, protestations, marches, boycotts, grèves et désobéissance civile, 11 % ont choisi la fuite, 13 % ont choisi de ne rien faire, environ 20 % n’ont rien choisi. A la question « Quelle méthode de lutte contre l’invasion armée, qui est menée par un adversaire étranger supérieur, considérez vous plus efficace ? 34,4 % ont choisi l’option de la lutte armée, 34,7 % ont choisi la lutte non-violente menée par des civils, 28,5 % n’ont pas choisi d’option. Ainsi, une partie non négligeable de la population était convaincue de l’efficacité d’une éventuelle résistance civile et une partie non négligeable (un tiers) était prête à la mettre en œuvre. Il est bien regrettable qu’après la révolution « orange » de 2004, révolution avec les « armes » de la non-violence, l’Ukraine ne se soit pas posée la question d’une politique de défense nationale basée sur les méthodes de la résistance civile.
Le choix stratégique de la résistance civile aurait sans doute évité la plupart des destructions de villages et de villes qui n’ont de « sens », pour l’agresseur, que dans le cadre d’une guerre de terreur ; elle aurait évité des centaines de milliers de morts inutiles ; le coût humain aurait donc été moindre, même s’il est inévitable que la résistance civile aurait engendré des victimes ; elle aurait préservé la possibilité d’une vie économique et sociale avec le maintien des infrastructures civiles que l’agresseur n’aurait eu aucun intérêt à détruire. Le choix d’une résistance non-violente aurait également permis d’éviter l’exil de nombreux Ukrainiens. Il est certes probable que le pouvoir ukrainien aurait été contraint de s’exiler. Mais l’exil ne signifie pas la défaite. Nous le savons bien… La résistance civile par la non-collaboration aurait certainement dérouté les soldats russes et il est possible qu’elle aurait affaibli leur volonté d’occupation, voire de destruction. Il est probable que des fissures seraient davantage apparues dans la société civile russe car la propagande aurait été moins efficace pour justifier l’invasion.
La résistance civile ukrainienne existe malgré tout aujourd’hui. Elle est certes ultra minoritaire, mais elle n’est pas insignifiante. Il nous revient, militants de la non-violence, de la soutenir avec nos faibles moyens. Doit-on pour autant considérer qu’étant minoritaire, elle ne joue qu’un rôle mineur dans le conflit ? Et que par conséquent, nous n’avons d’autres choix que de soutenir la résistance militaire en solidarité avec l’Ukraine agressée ?
La guerre est un suicide collectif
Sur le terrain, nous voyons les combattants ukrainiens, parfois au milieu de villes ou de villages déjà en ruines, chercher une seule chose : tuer le maximum de soldats russes. On ne peut pas, au nom de la « légitime défense », au nom même de la nécessité, soutenir une armée dont l’objectif, comme toutes les armées d’ailleurs, est de détruire l’adversaire, de l’anéantir, au prix de dizaines de milliers de morts. On entre dans la résistance armée pour défendre son pays, mais dans les faits, au quotidien, on devient un meurtrier. On tue et on s’habitue à tuer. Le moteur de cette tuerie réciproque est la haine de ceux qui sont en face, de ceux qui ont tué les frères d’armes. Il n’y a pas de limites à la guerre que l’on considère comme « juste », quel que soit le camp où l’on se trouve, surtout lorsqu’elle est alimentée par la haine de l’ennemi, de sa culture, de son histoire. La guerre n’est pas honorable parce qu’elle est considérée comme « juste », elle est un suicide collectif. Soutenir la résistance armée ukrainienne, mais également les livraisons d’armes pour soutenir cette armée, ne revient il pas à penser que cette guerre est devenue légitime, et donc juste ? Or, il n’y a pas de guerre « juste » même si l’objectif est juste. La guerre est toujours une folie meurtrière, un immense malheur, une tragédie irréparable, que rien ne peut justifier. Et que dire des soldats revenus de la guerre, désormais incapables de mener une vie normale du fait de symptômes post-traumatiques ? Ce seul point suffit à délégitimer toute guerre, car il signifie que la guerre est toujours contraire à la nature profonde de l’homme.
Nous, militants de la non-violence, objecteurs de conscience en son temps au service militaire, devons nous, par solidarité avec le peuple ukrainien, soutenir sa résistance armée parce que c’est la forme de résistance majoritaire qu’il a choisi de mettre en œuvre ? Je ne le pense pas. Si nous approuvions la résistance armée, alors que toute notre existence est dédiée à la promotion de la non-violence, et donc à la démilitarisation des esprits et des nations, nous mettrions à bas toutes nos valeurs et toutes nos convictions. Car ce soutien légitime, de fait, toutes les armées du monde, toutes les ventes d’armes, tous les complexes militaro-industriels, toutes les courses aux armements et tous les militarismes. C’est-à-dire tout ce contre quoi nous luttons depuis des décennies. Et avec raison.
Si le peuple ukrainien et son État s’estiment dans la nécessité du recours à la résistance militaire, ce choix leur appartient et il est respectable. Mais pour notre part, nous ne saurions le cautionner car nous savons les conséquences dramatiques d’un tel choix. Nous savons que la guerre ne pourra apporter une juste solution, une solution politique et négociée. Nous ne sommes pas responsables, nous militants de la non-violence, de tout ce qui n’a pas été fait depuis des années pour éviter ce conflit. Nous ne sommes pas responsables des incohérences des Européens et de l’OTAN qui auraient dû, après la chute du mur de Berlin, penser globalement la sécurité en Europe avec tous les pays concernés, y compris la Russie. Cela ne légitime en rien les pseudo-justifications guerrières de Poutine. Mais que n’avons-nous pas fait pour que la Russie ne devienne pas notre meilleur ennemi, alors qu’il aurait pu être un partenaire essentiel sur le continent européen ? Nous, militants de la non-violence, ne sommes responsables en rien des causes profondes de cette guerre et c’est pourquoi nous ne pouvons nous ranger du côté de la résistance militaire ukrainienne, quand bien même celle-ci apparaît nécessaire et légitime pour les Ukrainiens. Si la guerre survient, c’est précisément parce que les militants de la non-violence, de par le monde, ne sont pas en capacité d’imposer leurs vues sur la prévention des conflits, sur le désarmement, sur la construction d’une paix juste et durable. C’est parce que nos sociétés sont dominées par une culture de la violence et de la guerre et parce que la non-violence n’est pas prise en compte. Alors quand la guerre survient, il ne faut pas demander aux militants de la non-violence de faire un choix contraire à leur conscience ! Les bons esprits auraient alors beau jeu de dénoncer « l’utopie » de la non-violence et notre idéalisme…
Au demeurant, je crois qu’étant extérieur au conflit, il est bien inutile de se prononcer en faveur de telle ou telle résistance. Car cela n’engage à rien. Nous pourrions aussi dire à ceux qui soutiennent la résistance militaire que la cohérence voudrait qu’ils soient les premiers à partir au front, plutôt que de faire la guerre par procuration. Nos détracteurs seraient d’ailleurs fondés à nous répliquer que puisque nous sommes favorables à la résistance civile, la cohérence voudrait que nous rejoignions les rangs des civils qui ont fait ce choix. En réalité, les deux postures sont vaines. Au final, seul compte l’engagement sur le terrain, seul compte le choix ou les choix réalisés par les Ukrainiens, qu’il nous plaise ou pas. Ce choix est celui de la résistance militaire. Il n’engage que ceux qui la mettent en œuvre. Les Ukrainiens ont estimé qu’ils étaient dans la nécessité de répondre militairement à l’agression russe. Nous pouvons le comprendre, sans pour autant le partager.
Militant de la non-violence, je ne peux, malgré l’injustice terrible que subit le peuple ukrainien du fait de l’invasion russe, apporter mon soutien à une résistance militaire, alimentée par des armements occidentaux toujours plus sophistiqués, dont l’objectif est la destruction de l’ennemi. Je considère d’ailleurs que la « défense » d’une nation ne mérite pas que l’on y sacrifie des centaines de milliers de vie. La vie est au-dessus des raisons d’État. L’intégrité territoriale, lorsqu’elle est violée, est certes un crime. Mais à ce crime, il est absurde d’ajouter d’autres crimes, bien plus graves. La résistance à l’agresseur est donc légitime, mais seule la résistance civile apparaît cohérente avec les idéaux d’une société démocratique. En s’engageant dans la résistance militaire, en cherchant à tuer le maximum de soldats ennemis, ne finit on pas par ressembler à ceux que nous combattons ?
Pour une paix juste et durable
L’exigence de justice voudrait que l’agresseur cesse immédiatement son agression. Mais nous savons que cela est peu probable, malgré les pertes et les échecs qu’il essuie. Au risque d’être accusé de faire le jeu de l’agresseur, il n’est pas possible de demander à l’agressé de cesser sa résistance militaire. De plus, et c’est essentiel, chaque peuple soutient son armée qui mène forcément une « guerre juste ». Le peuple ukrainien soutient son armée qui défend la nation, le peuple russe soutient Poutine et son armée qui défendent la Russie contre les « menaces » de l’Occident. Le plus probable est donc que cette guerre se prolonge, avec son cortège de destructions et de morts. Chaque partie étant sûre de vaincre sur l’autre, elle n’a aucune raison de cesser le feu. Et plus elle est convaincue de gagner et plus la guerre redouble d’intensité. Et plus les destructions et les morts s’allongent, et plus chaque camp se sent justifié dans ses efforts de guerre.
Combien de morts faudra t-il donc encore pour que les esprits se réveillent et demandent une seule chose : l’arrêt de cette guerre absurde et cruelle. Tant que nous aurons l’illusion de penser que l’Ukraine peut « vaincre », nous soutiendrons les livraisons d’armes et donc le lobby militaro-industriel que nous ne cessons de condamner par ailleurs car, précisément, il alimente des guerres « justes » aux quatre coins du monde pour le plus grand malheur des peuples qui n’aspirent qu’à une seule chose : vivre en paix. La voix de la raison est la voix de la paix. Elle commande de tout faire aujourd’hui pour que cesse cette folie guerrière, qui, une fois de plus, déshonore le genre humain. La recherche d’une négociation par la voie diplomatique devrait être une priorité internationale. Car au final, la guerre cessera, mais bien trop tard, car elle aura avalé des centaines de milliers de vies, peut être des millions, qui n’aspiraient qu’à vivre. Pour rien. Oui, pour rien.
On dit que la guerre est à un « tournant ». En réalité, l’escalade technologique des armements sur le terrain montre l’implication toujours croissante des occidentaux dans le conflit. Que se passera-t-il si tous ces « efforts » de soutien à l’Ukraine ne portent pas leurs fruits, c’est-à-dire si l’Ukraine ne parvient pas à repousser l’agresseur russe ? Il ne restera que deux options : soit lâcher l’Ukraine, soit s’engager militairement, ce qui nous mène tout droit à la troisième guerre mondiale. Dans les deux cas, c’est un désastre. Je ne veux être complice d’aucun de ces désastres.
Notre responsabilité de citoyens est désormais de faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils agissent dans l’intérêt de la paix et de la sécurité en Europe. Dans l’intérêt d’une paix juste et durable qui ne lèse pas l’Ukraine et qui ne méprise pas la Russie et son peuple. C’est précisément pour cela que l’ONU a été créée, pour trouver les voies de solutions politiques et diplomatiques à des conflits inextricables. L’ONU doit enfin jouer son rôle afin de permettre le rétablissement des liens qui unissaient l’Ukraine et la Russie qui n’ont pas vocation à se faire la guerre éternellement. L’arrêt des combats est désormais une priorité.
L’Europe a déjà connu deux guerres mondiales. Doit-elle à nouveau être le point de départ d’une troisième guerre mondiale qui risque bien d’être la dernière ? Il est encore temps d’éviter la catastrophe. Ce n’est pas en continuant à livrer des armes à l’Ukraine que l’on permettra de l’éviter. Mon point de vue n’a pas changé, lorsque début mars 2022, j’écrivais « Surtout pas de livraison d’armes à l’Ukraine ! ». Aujourd’hui, l’Occident est pris dans un engrenage qu’il a du mal à contrôler. Car il sait qu’au bout de cette logique guerrière se trouve le risque probable d’une extension du conflit. Quand prendrons nous les bonnes décisions qui stoppent l’escalade meurtrière et qui favorisent la paix dans la justice ?
Pour gagner la paix, il faut perdre la guerre, comme on perd une habitude, une mauvaise habitude (Jean-Marie Muller)
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A l’heure où je boucle cet article, on apprend que la Chine envisage de fournir des armes à la Russie…
Merci Alain pour ce repositionnement du conflit qui explore et expose mieux les intérêts pour tous de la non violence, grand oublié des médias. Toutefois je ne peux m’empêcher de dire qu’il ne peut être débattu de ce conflit sans voir le jeu de marionnettes qui se joue très au dessus des malheureux acteurs de terrain. L’OTAN, fourchette des USA dans le repas en cours entre USA et Russie ne peut être éludé. A de très nombreuses reprises tu utilises le mot « choix » pour aussi bien l’Ukraine que les ukrainiens dans les décisions prises de résister. Ce n’est pas mon point de vue, aussi bien les dirigeants que les citoyens de ce pays n’ont pas eu leur mot et donc n’ont pas choisi. Des fils sont tirés du dehors qui agitent les marionnettes et ceux qui ont prôné la non-violence n’ont pas eu voix au chapitre. Ce malgré comme tu le montres une courte majorité dans les sondages. Les gardes fou mis en place après 2013 n’étaient que des leurres comme l »a déclaré Angela Merkel : « les accords de Minsk c’était pour gagner du temps ». De cette parole de Merkel entendre ou anticiper « préparer ce qui advint en février 2022 » Rien que cette ignominieuse déclaration aurait du provoquer d’immenses mouvements de contestation de la guerre dans nos pays comme nous avons su le faire massivement en 2003 pour dénoncer ce qui allait devenir la destruction de l’Irak par les USA. Ce qui m’interroge c’est notre apathie actuelle, peut être encore dans les limbes de l’affaire covid et de son confinement briseur de vie ? Un grand mouvement de manifestation aurait pu donner sa place à l’expression non-violente et réfréner les élans d’Ursula von der Layen qui refuse la diplomatie et prône le conflit.
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Merci Alain pour cette réflexion détaillée, à laquelle je souscris pleinement en tant que militant nonviolent. L’alternative à la reddition passive, mais aussi à la meurtrière résistance armée, existe depuis plus d’un siècle. Le vrai problème est que les mouvements pacifistes n’ont malheureusement pas su faire connaître et diffuser les techniques de résistance civile et sociale nonviolente. L’abolition du service militaire – et donc aussi de la présence encombrante des objecteurs de conscience – a démotivé les jeunes à s’informer et à s’entraîner à la défense sans armes, dont peu de gens connaissent l’énorme potentiel.
Alors que la militarisation de la culture et de l’école se développe rapidement, nous devons nous efforcer de sensibiliser aux alternatives non violentes
à.la folie d’une guerre qui ne peut qu’aggraver les conflits entre États et nous ramener à la logique absurde des blocus et à l’équilibre de la terreur.
Merci d’avoir rapporté les résultats de la recherche sur les orientations des Ukrainiens, que les média italiens n’ont pas mentionnés, et pourtant je vous serais reconnaissant de bien vouloir citer la source de ces données.
En tant qu’écopacifiste et militant nonviolent, je continuerai à vous suivre et à partager vos réflexions et propositions.
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Comment douter du bien-fondé des livraisons d’armes aux Ukrainiens, de leurs options défensives, sans souhaiter pour autant leur soumission à Poutine ? Peut-on, étant données les circonstances, ne pas se résigner à la violence ?
A ce dilemme qui est celui des militants non-violents depuis un an, ton texte, Alain, propose de répondre en assumant, jusqu’au bout, la logique de la non-violence. C’est audacieux, périlleux. Tes conclusions ont quelque chose de vertigineux. Et aussi le mérite de poser des repères utiles.
Face au mal, face à une agression, vaut-il mieux ne pas se battre, ne pas résister militairement ? Afin d’éviter les destructions, limiter les horreurs que l’on risque de subir mais aussi infliger et ainsi laisser une chance à notre humanité de reprendre, peut-être, le dessus ?
Se laisser envahir, alors, pour mieux ensuite être en mesure d’amorcer des résistances civiles ? Au risque que celles-ci échouent ? Mais se laisser d’autant plus envahir que toute résistance civile est d’autant plus improbable si elle doit succéder aux atrocités et massacres que la guerre, juste ou pas, provoque inévitablement ?
Perdre volontairement la guerre, en somme, pour avoir une chance de gagner, ensuite, la paix – que ce soit dans les frontières de son Etat souverain ou dans celles de l’Etat nous ayant conquis ?
Ainsi, tu écris : « La « défense » d’une nation ne mérite pas que l’on y sacrifie des centaines de milliers de vie. La vie est au-dessus des raisons d’État. L’intégrité territoriale, lorsqu’elle est violée, est certes un crime. Mais à ce crime, il est absurde d’ajouter d’autres crimes, bien plus graves. »
Enfin, tu te défends de juger le choix qu’ont fait les Ukrainiens de prendre les armes de la violence. Je crois en effet que l’on ne peut pas te faire ce reproche. Et que la question que tu poses n’est pas tant posée aux Ukrainiens qu’à nous : et nous, justement, que ferions-nous ?
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Oui Alain moi aussi je partage complètement ton point de vue.
Fidèle à l’enseignement de Lanza del Vasto et la non-violence gandhienne, je ne puis cautionner cette nouvelle guerre militaire qui n’est que la conséquence de la guerre économique et financière menée par tous les ploutocrates qui gouvernent la plupart des Etats importants ou qui en sont complices.
Tant que nous n’aurons pas des gouvernants prônant la non-violence sur tous les plans, la guerre persistera. Et l’augmentation des budgets militaires, et l’accumulation de la production et des ventes d’armements toujours plus sophistiqués qu’avant, et l’escalade dans la guerre de l’information mensongère continueront !
J’ai personnellement signé l’appel Halte à la guerre de syndicalistes et militants politiques du monde entier. Je participerai demain aux manifestations pour la paix en Ukraine et partout ! Et à tout ce qui pourra permettre la désescalade contraire aux enjeux mondiaux actuels de la vie sur notre planète et de tous ses habitant.e.s.
Alain J.
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Merci pour cet article dont je partage le point de vue.
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Merci Alain pour ton positionnement; je partage ton analyse. et j’ose espérer qu’on est nombreux à la partager. même si minoritaires. aucune guerre n’est juste. la guerre est toujours un échec une tragédie; lorsqu’elle est là, chercher les leviers pour la stopper au plus vite. confiance dans l’humain pour developper et renforcer la résistance non violente à toute les dictatures, les oppressions , et pour une lutte non violente contre les injustices
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