Régression des libertés, répression disproportionnée des manifestations, retour du service national, uniformes à l’école, la France de Macron dérive ostensiblement vers une France au garde à vous. Il est temps de sonner l’alarme, non pas le clairon, mais l’alarme citoyenne pour enrayer la machine étatique à produire de l’obéissance inconditionnelle et par conséquent de la résignation complice des injustices économiques et sociales.
La jeunesse est clairement dans le collimateur du pouvoir. Le mouvement étudiant a été écrasé dans l’oeuf, avec un surcroît de violences policières. Les occupants des universités ont été délogés sans ménagement, des dizaines ont été gravement blessés. Au-delà des méthodes d’action (blocages des universités) que l’on peut discuter, est-il normal que des CRS pénètrent dans des lieux de savoir et de culture pour y commettre des brutalités à l’encontre de la jeunesse qui pense et qui lutte ? Dans le même temps, le pouvoir ferme les yeux sur les agissements des groupuscules d’extrême droite qui semblent avoir quartier libre pour faire le coup de poing dans ces mêmes universités. Une jeunesse inquiète pour son avenir, qui ose s’exprimer et agir, elle fait peur, elle dérange. Il faut la mettre au pas.
A Notre Dame des Landes, l’intervention militaro-policière a généré des centaines de blessés, parfois très graves, par l’utilisation de milliers de grenades assourdissantes et lacrymogènes. C’est aussi toute une jeunesse qui ne se contente pas de rêver et de parler, mais qui investit dans des alternatives concrètes sur le plan de l’habitat, de l’agriculture, de la démocratie directe, qui est méprisée, expulsée, violentée, « karchérisée » selon l’expression odieuse de Jacques Auxiette, ancien président PS de la région, dont le voeu de nettoyage des opposants a été exaucé… La jeunesse qui bouge, qui désobéit, qui déconstruit le monde de Macron, qui invente d’autres possibles, elle fait peur, elle dérange. Il faut la mettre au pas.
Dans la France de Macron, on ne dialogue pas, on n’écoute pas, on ne négocie pas… On cogne, on matraque, on gaze et on mutile dans des proportions jamais vues en France, à situations comparables.
Au-delà de la jeunesse, c’est l’ensemble du mouvement social et associatif qui est victime de ce pouvoir autoritariste qui veut étouffer, par tous les moyens, la révolte qui gronde. La moindre manifestation pacifique est réprimée. La contestation publique est systématiquement criminalisée, dénoncée, voire tournée en dérision. Tout est fait pour susciter la violence, la peur et au final le découragement et la résignation. Contre la jeunesse, les cheminots, les fonctionnaires, les infirmières, et tant d’autres, les forces du désordre établi montrent leur vrai visage et leur vraie nature : elles sont les ennemies du peuple qu’elles sont censées protéger et défendre. Le peuple doit savoir désormais que l’Etat est en guerre contre lui et qu’il utilisera tous les moyens de violence à sa disposition pour le dissuader de s’exprimer, de manifester, de revendiquer.
Le rapport d’Amnesty International, publié il y a un an, dénonçait les atteintes aux libertés en France et les violences policières. Ainsi, il indiquait que, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, des centaines de mesures non justifiées ont été imposées qui ont restreint le droit de circuler librement et le droit à la liberté de réunion pacifique. Ce rapport démontrait que dans le cadre de leurs missions de maintien de l’ordre lors de rassemblements publics, les autorités françaises avaient souvent eu recours à des stratégies mobilisant des ressources considérables sans que cela soit nécessaire et avaient usé de la force de façon disproportionnée. On se souvient de la fameuse affiche de la CGT, pendant la lutte contre la loi travail, dénonçant les violences policières. Elle avait fait scandale parmi les politiques et les policiers. Nous avions alors souligné le courage de ce syndicat à dénoncer ces abus inqualifiables de l’autorité publique. (ici)
Dans le même temps, voici que revient l’arlésienne du service national universel. Cette jeunesse si indocile, si indignée, si potentiellement dangereuse, il faut lui inculquer les vraies valeurs, à commencer par l’obéissance et la soumission à l’autorité… Certes, le projet de service militaire obligatoire et universel du candidat Macron est déjà passé aux oubliettes et c’est tant mieux ! L’Etat aurait d’ailleurs été obligé de réactiver la loi sur l’objection de conscience avec un service civil alternatif… Cependant, imposer à la jeunesse le principe d’un service national dans le but de lui faire comprendre tout l’intérêt de l’engagement civique est à tout le moins risible, au mieux incohérent. Mais l’important n’est pas le contenu du service national, ni sa durée, mais le fait que l’Etat décide de l’imposer quand bien même il serait convaincu de son inutilité. Nous sommes là dans une opération de communication politique à destination d’une France qui se replie sur elle-même, nostalgique d’un temps révolu, précisément celui du temps du service militaire qui, paraît-il, avait toutes les vertus… Heureusement, la fronde s’organise contre ce projet. 14 organisations de jeunesse viennent de signer une tribune dans laquelle elles dénoncent « le caractère obligatoire, rigide et contraignant que le projet semble faire émerger ».
Mais ce qui est essentiel, c’est de comprendre les fondements idéologiques de ce projet de SNU qui est au coeur de la philosophie du monde de Macron. « L’amour de la patrie » et « le récit national » qui doivent être inculqués dès l’école dans le cadre de l’Education Morale et Civique (EMC) trouveront un prolongement pratique dans le Service National Universel (SNU). Déjà, au collège, certaines parties du programme de l’EMC sont sans ambiguïté. L’école doit promouvoir l’esprit de défense par des enseignements sur « les grands principes qui régissent la défense nationale » et « les citoyens et la défense nationale ». Les engagements de la France sur les territoires en guerre sont également valorisés afin que la jeunesse comprenne que l’armée est une grande organisation humanitaire qui défend les peuples opprimés… On se demande finalement si certains, en haut lieu, ne rêvent pas que cette école de la République (re)deviennent l’école-caserne d’antan…
D’où l’idée non fortuite de relancer le projet de mise en place de l’uniforme à l’école. La décision récente du maire de Provins qui a fait grand bruit fera des émules, n’en doutons point. L’important, pour le ministre de l’Education nationale qui n’y est pas opposé, est que l’uniforme à l’école devienne un sujet de débat qui s’impose dans les esprits avant de se réaliser dans les faits. Tout ce qui peut rappeler l’ordre ancien est très tendance en ce moment… Qui ne comprend qu’entre l’uniforme à l’école, l’Education Morale et Civique bien orientée et le Service National Universel, ce sont les maillons initiatiques d’une même chaîne de propagande à fabriquer de la soumission et de la docilité ? Qui ne voit que tout cela n’est pas pure coïncidence ? La réalité est bien là. Il faut reprendre en main la jeunesse, lui inculquer les valeurs patriotiques et créer des citoyens obéissants qui sauront défendre le pays lorsque l’Etat le commandera.
Résumons. La violence d’Etat se renforce contre tous les opposants, l’ennemi intérieur doit être dissuadé de s’exprimer et la jeunesse doit être mise au pas. La France au garde à vous est en marche. Elle a le goût et l’odeur de la dictature et du fascisme qui vient.
Le peuple l’a voulu, il l’a eu ! Le prochain ne fera pas mieux ! Un grand coup d’éponge et on repart de zéro voilà le bon programme ! 🙂
J’aimeJ’aime
Étant en fin de parcours de vie, ces restrictions de libertés me touchent peu !
Cependant je reste attentive, ayant des contacts à Nice, aux abus de la police aux frontières concernant les migrants et particulièrement les mineurs . Attentive aux enfermements abusifs en C R A et aux prolongation de maintien en ces lieux jusqu’à 90 jours. Je signe quantités de pétitions qui passent : je ne peux rien faire de mieux !
J’aimeJ’aime
Pas mieux. Ou pire, plutôt…
J’aimeJ’aime