« Dans la mesure où nous laissons briller notre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres l’envie de faire de même ». (Nelson Mandela)
Invicta est le nom du nouvel album du groupe corse I Muvrini. Le titre de cet album est directement inspiré par le court poème de l’écrivain William Ernest Henley qu’adorait Nelson Mandela : Invictus.
Le chanteur, Jean-François Bernadini, est aussi le porte-voix d’Umani Fondation Corse, créée en 2002 afin de véhiculer les idées de tolérance, de partage et de fraternité. Il définit de disque comme « le chant de la conscience jamais vaincue, le chant des droits de l’âme ». La dernière chanson de l’album, « Déclaration des droits de l’âme », est un manifeste pour la non-violence.
Pour leur concert à l’Olympia à Paris, le 3 avril 2015, un concert pour la non-violence, le groupe a édité un journal « Les Mondes » avec ce titre en une : « Non-violence : vers un nouveau siècle des Lumières ».
Ecoutons Jean-François Bernadini s’exprimer dans les colonnes du journal Corse Matin : « Les Corses, épuisés par des années de conflit qui pèsent lourd, ont soif d’une autre voie. Ni la violence, ni la passivité de nous sortent d’affaire. Au final, c’est plutôt ce duo perdant qui engendre le pire des fatalismes. La non-violence se préoccupe justement de comment construire à partir de cette exigence, non pas des revanches, non pas des murs de plus, mais une délivrance pour chacun, une chance pour tous, sans humilier, en quête de moyens nobles pour défendre ce qui est noble. La non-violence nous apprend non pas à renoncer, mais à nous battre 100 fois mieux et ensemble, non pas Corse contre France, mais dans l’intérêt de tous ».
Grâce à la Fondation de Corse Umani qui a lancé dès 2010 le programme « Devenir artisans de non-violence », la Corse vit une véritable révolution de la non-violence. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est en Corse actuellement que se déroulent le plus de formations à la non-violence. La 4ème Université d’été de la non-violence est d’ailleurs programmée les 10 et 11 juillet 2015 à Borgu. De nombreux enseignants et élèves, de la maternelle à l’université ont bénéficié de formation à la résolution non-violente des conflits. Il est question de la naissance prochaine d’un Centre de formation à la non-violence. Comme le dit Jean-François Bernadini dans ce texte qui relate l’expérience de la non-violence en Corse depuis 4 ans, « parler publiquement de non-violence en Corse semblait impensable il y a quelques temps à peine. Elle est cependant solidement enracinée maintenant en Corse, avec la vigueur des jeunes pousses qui annoncent déjà une récolte sans nulle autre pareille. Non sans labeur et détermination. » (Non-violence en Corse sur Médiapart)
Ces graines de non-violence semées en Corse offrent l’espérance d’une société qui se délivre progressivement de l’emprise de la violence. La violence, les Corses le savent, n’a pas fait avancer d’un pouce leur cause. Elle les a enfermés dans un cycle de revanches et de vengeances qui a apporté malheurs et désolations. Après tant d’injustices, de violences et d’échecs, la Corse a une chance historique de se mettre debout. Jean-François Bernadini le dit : « La non-violence est sans doute le seul moyen qui reste à la Corse de dire sa vérité, d’être entendue, d’être crue ».
Il y a un an, la revue Alternatives Non Violentes a consacré un numéro spécial à la « Corse, terre de non-violence ? », un numéro qui s’est vendu à des milliers d’exemplaires sur l’île de Beauté, signe du profond intérêt pour la non-violence qui se développe en Corse.
L’actualité qui est emplie de violences et de guerres nous offre aussi parfois de belles raisons de nous réjouir. Ce qui se passe en Corse est source d’une profonde espérance.
Voir également l’interview de Jean-François Bernardini, co-fondateur du goupe I Muvrini, au sujet de la sortie de leur nouvel album « Invicta » en Mars 2015 sur Toulouse Web Mag.