Colomiers. Les horaires scolaires imposés par la mairie contestés par tous les membres de la communauté éducative, y compris le DASEN

Le conseil municipal du lundi 26 juin a retiré au dernier moment la délibération sur les horaires scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires prévus à la rentrée. Aucune explication n’a été donnée par la maire aux conseillers municipaux présents, malgré mes demandes insistantes et les protestations de mon groupe qui a alors quitté la séance du Conseil municipal. Je publie ici un texte inspiré de l’intervention que j’avais prévue de faire sur ce sujet à l’occasion de cette délibération. Le lecteur comprendra alors les véritables raisons qui ont présidé à cette décision en apparence surprenante.

A la rentrée 2016, la mairie savait parfaitement que dans les semaines qui suivraient, il faudrait statuer sur la reconduction ou sur la modification des horaires scolaires comme le prévoit la loi. Cependant, cette échéance n’a pas été anticipé et rien n’a été fait pour organiser une concertation digne de ce nom, étalée dans le temps, pouvant aboutir à un consensus. Cette concertation aurait d’ailleurs dû commencer par un bilan des trois dernières années depuis le retour de la semaine de 4 jours et demi à Colomiers. A ce jour, aucun bilan ni annuel ni triennal n’a été réalisé avec les membres de la communauté éducative.

La pseudo-consultation sur les nouveaux horaires organisée par la maire-adjointe s’est résumée à deux réunions : une réunion avec les directeurs d’école le 29 novembre où le sujet a été abordé en fin de réunion de façon évasive de la part de la maire-adjointe. Et Le 12 décembre, lors d’une réunion avec les représentants des parents d’élèves qui lui ont fait part de leurs doléances, de leurs réflexions et de leurs propositions. Mais même à cette date la maire-adjointe ne rentre pas dans le détail de ce qui a pourtant déjà été décidé.

Il faut ajouter également, dans le contexte de cette délibération, que la commission Education-Petite enfance n’a participé en rien à cette réflexion malgré une échéance bien connue. Le point sur les rythmes scolaires n’a été abordé que le 24 janvier, soit plusieurs semaines après les deux réunions que j’ai évoquées, et deux semaines après les réunions des conseils d’école extraordinaire qui se sont prononcés.

Le 24 janvier, en réunion de la commission éducation, ce point des horaires scolaires est à l’ordre du jour. La maire-adjointe indique que « suite aux trois ans de conventionnement avec l’Education nationale, les horaires ont été réétudiés ». Elle nous présente la proposition de la collectivité qui a été transmise au DASEN et qui fait l’objet de la délibération.

J’ai demandé pourquoi ce point sur les rythmes scolaires n’a pas été abordé précédemment, en commission, compte-tenu du fait que l’échéance était connue. Et que donc il aurait pu y avoir une discussion et une réflexion collective en commission. A cette question précise, consignée dans le compte-rendu, la maire-adjointe n’a pas répondu (le compte-rendu en témoigne).

Ainsi, dans ce processus concernant l’élaboration des rythmes scolaires, la commission Education-Petite Enfance a été maintenue dans l’ignorance de la consultation et elle n’a participé en rien au débat et à la réflexion.

Les conseils d’école

Les conseils d’école, sur demande du directeur académique, se sont réunis début janvier afin de débattre et de voter sur l’organisation des horaires scolaires. Tous les conseils d’école des écoles maternelles ont voté contre l’organisation qui devait être présentée ce 26 juin. Tous. Soit 9 conseils d’école sur 9.

En élémentaire, trois écoles ont voté contre et trois écoles ont voté pour, mais à une très courte majorité. Dans tous les cas, les parents d’élèves des écoles élémentaires ont voté contre. Et la majorité des enseignants de l’élémentaire sur l’ensemble de Colomiers reste opposé à cette organisation. Renseignement pris, dans les écoles où les enseignants n’ont pas voté contre la proposition de la mairie, les enseignants considéraient que de toute façon ce vote était inutile parce qu’ils ne seraient pas entendus. Beaucoup gardent en mémoire l’épisode amer de 2013 où la mairie avait coupé court à la concertation pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires et des nouveaux horaires en élémentaire et maternelle. Cet état d’esprit des enseignants en dit long sur le manque de confiance des enseignants dans les méthodes de la mairie sur ce sujet.

La question du mercredi matin

Alors, pourquoi un tel rejet des propositions de la mairie ? Il faut revenir à 2013 et à la réforme des rythmes scolaires voulue par le ministre Vincent Peillon. Cette réforme était destinée à organiser sur 9 demi-journées les apprentissages pour tenir compte des rythmes chronobiologiques des élèves. Cette réforme prenait donc en compte tous les résultats des études qui montraient que la semaine de 4 jours était nocive pour les apprentissages des élèves.

Dans le cadre de la réforme Peillon, toutes les simulations réalisées en 2013 par le ministère pour aider les communes à choisir leur organisation du temps scolaire prévoyaient des matinées identiques d’une durée de trois heures. Toutes. Tout particulièrement, les emplois du temps proposés par le ministère comprenaient une matinée complète de trois heures le mercredi. Les seules variations que l’on pouvait constater concernaient les horaires de l’après-midi, avec des après-midis plus ou moins courts ou plus ou moins longs, selon les jours.

Alors pourquoi une matinée complète le mercredi ?

Pour assurer une continuité des apprentissages dans la semaine, sans rupture d’une journée au milieu de la semaine. La réforme des rythmes a permis de récupérer une matinée de travail supplémentaire (et cela est d’autant plus important que c’est le matin que l’attention des élèves est la plus efficiente).

Cette matinée du mercredi est très importante car elle permet de mieux répartir les apprentissages sur la semaine, elle permet davantage de souplesse dans les choix d’organisation des apprentissages par les enseignants et elle diminue, contrairement à ce qui est souvent affirmé, la fatigue des enfants.

Donc, pour toutes ces raisons il est essentiel que cette matinée du mercredi soit complète. La réduire de 20 minutes, avec une sortie de classe à 11h10 au lieu de 11h30, comme la mairie l’a décidé unilatéralement en 2013, – et même la réduire de 30 minutes en maternelle (avec les horaires présentés aujourd’hui) -, est une atteinte à l’esprit de la réforme. Ce mercredi tronqué est en rupture avec les autres matinées de la semaine alors que le principal avantage du mercredi matin est précisément d’assurer une continuité sur la semaine, sans stresser les enfants en fin de matinée.

Contrairement à ce que la maire-adjointe affirme souvent en réunion, les enseignants ne sont pas favorables à cette sortie à 11h10. Selon elle, ils le seraient parce qu’ils peuvent se réunir dans la foulée. Mais en réalité, nos réunions du mercredi ne commencent jamais avant 11h30 ou 11h40 précisément parce que les classes ont du mal à finir à 11h10, parce que les parents viennent chercher leurs enfants jusqu’à 11h30. C’est aussi cela la réalité vraie du problème du mercredi qui finit à 11h10.

Les propositions des écoles maternelles

Les directrices des neuf écoles maternelles ont demandé unanimement par écrit que la matinée du mercredi soit une matinée entière de trois heures. La maire-adjointe n’en a pas tenu compte.

Elle a seulement accédé à leur demande sur l’horaire d’entrée qui sera désormais le même chaque jour (8h40). Mais rien n’a été modifié sur l’horaire de sortie du mercredi. Ce faisant, l’horaire d’enseignement du mercredi a été réduit de 10 minutes. Et les 10 minutes récupérées le mercredi sont reportées sur 2 x 5 minutes, le lundi et le vendredi où les élèves de maternelle finissent à 11h45 au lieu de 11h40. Du grand bricolage !

Nous arrivons donc à cette aberration qui consiste à avoir encore réduit l’horaire d’enseignement du mercredi matin en maternelle alors que toutes les écoles souhaitaient le rallonger et à avoir imposé deux horaires différents de sortie le matin pour les maternelles, 11h40 ou 11h45.

L’absentéisme le mercredi matin était déjà important, il est évident qu’avec cette réduction d’horaire, il sera en augmentation.

Sachant par ailleurs que les entrées en maternelle se font à 8h40 et 13h40, et les sorties l’après midi à 16h10, comment imaginer que les parents s’y retrouvent et retiennent ces horaires si peu identifiés ? Comment penser que les enseignants ne soient pas découragés et révoltés par si peu de considération ? Comment croire que le bien-être des élèves, que la mairie ne manque jamais d’invoquer, soit respecté dans ces conditions ?.

Les propositions des parents

La maire-adjointe n’a pas écouté les enseignants, elle n’a pas écouté non plus les parents d’élèves. Malgré le calendrier très serré qui leur a été imposé, ils se sont rapidement emparés de ce débat sur les horaires.

L’association des parents indépendants (API) majoritaire sur les écoles a organisé un sondage entre le 8 décembre et le 2 janvier dans les écoles George Sand, Lucie Aubrac, Marie Curie, Jean Macé, Hélène Boucher, Alain Savary. Plusieurs centaines de familles y ont participé.

La synthèse des réponses obtenues est très claire :

    • 68 % se déclarent insatisfaits de l’organisation actuelle de la semaine.
    • 82% souhaitent un mercredi d’une durée égale aux autres matinées de la semaine, avec un horaire de début et de fin identique aux autres matinées de la semaine.

Ainsi, cette organisation des horaires scolaires ne recueille ni l’assentiment des enseignants, ni celle des parents d’élèves et, nous le verrons plus loin, ni celle du Directeur académique et du CDEN.

Imaginer d’autres solutions

La mairie justifie cette décision de sortie le mercredi à 11h10 par des contraintes matérielles liées au transport des enfants le mercredi des écoles au centre de loisirs du cabirol. Centre de loisirs qui est lui-même saturé et qui oblige à plusieurs rotations de transport. Depuis des années, c’est la même réponse.

Mais c’est précisément parce que la mairie ne met pas les moyens là où il faut qu’elle crée les conditions d’une contrainte matérielle qui l’obligerait à tronquer la matinée du mercredi. Le problème, c’est bien la saturation du Cabirol, donc le manque de structure sur cette ville pour accueillir des enfants le mercredi après midi dans des conditions acceptables qui les respectent. .

En réalité, d’autres solutions existent que, pour l’instant, la mairie n’a pas voulu entendre. La mairie veut que les enfants ne mangent pas trop tard le mercredi au cabirol ? Eh bien, qu’ils mangent dans les écoles à partir de 11h30, après la classe ! A la rigueur, des regroupements de deux écoles peuvent s’envisager ce qui obligerait le déplacement en car d’une école vers une autre pas trop éloignée. C’est la solution de bon sens, celle qui permettrait à tous les enfants de finir la classe à 11h30, sans être stressés par les enseignants, puis par les parents ou par les animateurs des ALAE.

La mairie affirme que la priorité est à l’éducation alors qu’elle mette les actes en accord avec sa communication. Qu’elle organise un service de restauration le mercredi dans les écoles, au lieu de persister dans une solution compliquée, insatisfaisante pour tout le monde. Cela arrangerait les enseignants qui auraient une matinée complète d’enseignement, cela soulagerait les parents qui pourraient récupérer leurs enfant plus tard, entre 11h30 et 13h directement dans les écoles. Les enfants qui vont au centre du Cabirol seraient acheminés pour les activités de loisirs après avoir mangé dans les écoles. Ce ne serait pas du luxe cette solution, ce serait seulement s’adapter aux rythmes des enfants et respecter les belles valeurs dont la mairie ne cesse de se prévaloir.

Le CDEN du 1er juin

Le dernier épisode en lien avec cette délibération a eu lieu tout récemment et explique son retrait de l’ordre du jour du conseil municipal.

Le 1er juin dernier, le CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale) a majoritairement voté contre les propositions d’horaires dans les écoles maternelles de Colomiers. Le CDEN a validé ce jour-là les horaires de 800 communes du département sauf celle de Colomiers. Ce qui est quand même assez extraordinaire.

J’ajoute que, lors de la commission Education Petite enfance du 6 juin, soit 5 jours après la réunion du CDEN, la maire-adjointe n’informe pas la commission de la décision du CDEN. Elle se contente de dire qu’elle est en attente de sa décision… Mensonge ! En effet, à cette réunion du CDEN du 1er juin était présent Arnaud Simion, premier adjoint de la ville de Colomiers et vice-président du conseil départemental. Celui-ci s’était engagé à alerter rapidement la Maire et l’adjointe sur la décision du CDEN et de ses suites.

Les organisations syndicales des enseignants du primaire du département de la Haute-Garonne ont alors écrit une lettre commune à monsieur Simion, une lettre datée du 17 juin, pour dénoncer ces horaires incompréhensibles en maternelle, le mercredi tronqué et demandant un débat, une concertation digne de ce nom avec tous les acteurs concernés. Ils attendent toujours sa réponse…

Le DASEN (Directeur Académique), quant à lui, n’a pas validé ces horaires et a demandé une nouvelle concertation. Il souhaite explicitement que les horaires soient retravaillés pour la rentrée 2018.

La délibération qui devait nous être présentée lundi 26 juin n’était pas recevable et ne pouvait pas être votée telle qu’elle. En effet, elle indiquait que « le DASEN propose les horaires suivants que la ville de Colomiers approuve ». Cela aurait été inexact. Le conseil municipal ne pouvait voter en l’état une formulation qui aurait pu avoir des suites juridiques puisqu’elle engageait le DASEN sur une décision qu’il n’avait pas prise. La formulation juste aurait été : « La ville de Colomiers propose les horaires suivants que le DASEN n’a pas approuvé »…

Ainsi, sur la question des horaires scolaires, la mairie de Colomiers a réussi l’exploit de se mettre à dos les directrices et directeurs des écoles, les conseils d’écoles, les parents d’élèves, le DASEN, les organisations syndicales d’enseignants et le CDEN. Un bel exploit tristement symbolique de l’absence de concertation, de l’absence de dialogue, de l’absence de débat et surtout de l’absence d’écoute des partenaires impliqués dans la communauté éducative. Dans la grande tradition des pratiques de la municipalité depuis trop longtemps.

Une réunion avec les directeurs des écoles est programmée pour le mercredi 28 juin. Cette réunion doit être le signal d’un changement dans la méthode de travail, elle doit être l’amorce d’une véritable écoute et d’une véritable concertation étalée dans le temps avec l’objectif d’aboutir à un consensus dans l’intérêt des enfants. La mairie n’a plus d’autre choix aujourd’hui que de changer ces horaires incompréhensibles et peu propices à la sérénité. Elle n’a d’autre choix désormais que de revenir à une matinée complète de travail le mercredi matin et à des horaires cohérents. Tout doit être mis en oeuvre pour rétablir la confiance afin que la concertation que tout le monde appelle de ces voeux reparte sur de bonnes bases dans l’intérêt des élèves de notre commune.

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